Outre les droits de préemptions dont bénéficie le locataire, il existe aussi des droits de préemption offerts à certaines personnes publiques :
Aux sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) sur les biens utilisés par des exploitations rurales pour maintenir la vocation agricole sur une zone précise (article L143-1 code rural et de la pêche maritime)
Le Droit de Préemption Urbain (DPU) offert aux communes pour réaliser sur une zone un projet d’intérêt général (création de logements sociaux, d’équipements collectifs…) (article L211-1 code de l’urbanisme).
Aux communes sur les fonds artisanaux, fonds de commerce ou baux commerciaux qui se trouvent dans un périmètre de protection du commerce et de l’artisanat de proximité (article L214-1 code de l’urbanisme).
Focus sur le droit de préemption urbain (DPU)
C'est le droit de préemption le plus utilisé en matière de transactions immobilières.
Ce droit de préemption est ouvert à la commune lorsque le bien vendu se trouve dans une zone définie par le conseil municipal. Pour savoir si le bien fait partie d’une zone de préemption, il convient de contacter le service urbanisme de la mairie. Elle vous indiquera si votre bien se trouve dans une zone préemptable et plus précisément s’il est dans une zone de préemption simple ou de préemption renforcée.
Quels biens sont concernés ?
Tout dépend du type de zone :
Dans une zone sur laquelle s’applique un droit de préemption simple, tous les biens sont concernés sauf:
Les lots dans les copropriétés dont le règlement de copropriété a été rédigé depuis plus de 10 ans
Les biens achevés depuis moins de 4 ans.
Ainsi les lots de copropriété sont préemptables lorsqu’ils sont achevés depuis plus de 4 ans et tant que le réglement n’a pas encore eu 10 ans.
Dans une zone sur laquelle s’applique un droit de préemption renforcé : tous les biens sans exception sont soumis au droit de préemption.
Comment purger ce droit ?
Lorsqu’un bien vendu se trouve dans l'une de ces zones, une Déclaration d’Intention d’Aliéner (DIA) doit être envoyée à la commune pour l’informer de l’opération. Elle vaut offre de vente, elle doit alors contenir le prix et les conditions de la vente projetée.
En principe, cette DIA est envoyée par le notaire après la signature du compromis. Il est donc important d’inclure dans le compromis une condition suspensive de non préemption par la commune.
Quel délai de traitement pour la commune ?
La commune à partir de la réception de cette DIA dispose de 2 mois pour se positionner.
Au terme de ces 2 mois, elle est présumée avoir refusé l’offre si elle ne s’est pas prononcée.
Elle peut sinon, dans le délai :
Accepter l’offre: elle se substitue alors automatiquement à la personne qui se portait Acquéreur. La vente est parfaite puisqu’elle achète au prix et aux conditions fixées initialement.
Refuser l’offre: la condition suspensive sera levée et la vente avec l’Acquéreur pourra être conclue.
Si la vente n’est finalement pas conclue et que le Vendeur souhaite vendre à des conditions plus avantageuses, une nouvelle offre devra être notifiée à la commune.Négocier le prix: le vendeur pourra alors accepter l’offre ou décider de maintenir son offre. S’il maintient son offre, la commune va pouvoir renoncer ou accepter l’offre. Attention, la commune ne peut utiliser son droit de préemption que si elle justifie de la réalisation d’une opération d’intérêt général sur le bien ou le terrain. Par exemple la création de logements sociaux, l’implantation d’équipements collectifs, etc… De ce fait, le Droit de Préemtion Urbain prime sur celui du locataire lorsqu’il est également titulaire d’un droit de préemption. La commune ne peut donc pas juste préempter pour nuire au vendeur.
Qu\'est qu\'un droit de préemption ?
C’est un droit que possède une personne (physique ou morale) de se substituer à un acheteur potentiel pour acheter le bien à sa place, au prix et conditions convenues.
Quels sont les impacts d\'un droit de préemption sur une vente ?
Une vente conclue sans avoir purgé les droits de préemption peut se voir annulée.
Si un droit de préemption existe et que le titulaire de ce droit décide d’acheter le bien, tout autre futur acquéreur sera évincé.
Quels sont les principaux droits de préemption ?
Il existe des droits de préemption offerts aux locataires d\'un mis en vente :
Le locataire d’un bien non meublé lorsque le bailleur lui donne congé pour vendre (article 15 loi du 6 juillet 1989)
Le locataire d’un bien lorsque l’immeuble dans lequel il se trouve comprenant plus de 5 logements, qu\'il est vendu en bloc et que le futur acheteur ne s’engage pas à prolonger les baux en cours pour au moins 6 ans (article 10-1 loi du 31 décembre 1975)
Le locataire d’un local ou d’un logement lorsque il s\'agit de la première vente du lot suivant la mise en copropriété de l\'immeuble (vente après division d’un immeuble en lots) (article 10 loi du 31 décembre 1975)
Le preneur d’un bail commercial (article L145-46-1 du code de commerce)
Précisions sur les droits de préemption des locataires
Le bailleur, ou l’agent immobilier s’il est mandaté pour cette mission, se charge de transmettre une notification au locataire l’informant de la vente et de son droit de préemption. Ce courrier est très formel et doit respecter la réglementation. Elle comprend le prix et les conditions de la vente projetée pour valoir offre de vente ainsi que le rappel de l\'article de loi. Le locataire dispose généralement de 2 mois pour répondre à compter de la réception de l’offre. Il a toutefois 4 mois si la vente porte sur au moins 5 logements (article 10-1 loi du 31 décembre 1975) et 1 mois s’il est locataire d’un local commercial (article L145-46-1 du code de commerce).
Les DPE des logements antérieurs à 1975 (suspendus) sont désormais de nouveau édités depuis du 1er novembre 2021. L’arrêté du 8 octobre 2021 modifiant la méthode de calcul et les modalités d\'établissement du diagnostic de performance énergétique est paru au Journal Officiel du 14 octobre 2021.
Cet arrêté modifie la méthode de calcul et certaines modalités d\'établissement du diagnostic de performance énergétique sur la base de l\'expérience tirée des premiers mois de mise en œuvre. Cet arrêté prévoit en outre que la date de fin de la phase d\'évaluation des logiciels de DPE est repoussée au 31 mars 2022 (source FNAIM)
La cour d’appel de Chambéry, dans un arrêt du 1er juin 2021 n°19-00187, retient la responsabilité d’un professionnel pour ne pas avoir transmis à ses mandants une offre pourtant inférieure de 20 000€ au prix prévu au mandat. Les magistrats savoyards jugent en effet que cette offre aurait dû être transmise aux vendeurs, le mandat prévoyant (comme très souvent) que les mandants pouvaient donner un accord ultérieur sur le prix de vente.
Pour mémoire, le Décret n°2015-1090 du 28 août 2015 fixant le code de déontologie des professionnels immobiliers dispose notamment dans son article 8 : « Dans l'exercice des missions qui leur sont confiées, les [professionnels de l’immobilier] promeuvent les intérêts légitimes de leurs mandants, dans le respect des droits et intérêts des autres parties aux opérations pour lesquelles elles ont été mandatées. Elles s'obligent : (…) 5° A transmettre à leur mandant dans les meilleurs délais toute proposition répondant au mandat confié ; »